lundi 29 février 2016

Présentation


PROGRAMME RESIDENT #1
Art4Context / résidence d'artistes résidents 2016


Le projet PROGRAMME RESIDENT #1 inaugure un nouveau cadre de résidences d'artistes invités à créer à partir du contexte in situ et/ou in vivo de la ville de Quimper.

Programme résident (définition) : partie du système d'exploitation d'un ordinateur constamment disponible en mémoire centrale, et de ce fait immédiatement exécutable.

En complémentarité des résidences que nous organisons depuis 2011 dans le cadre du pôle culturel Max Jacob, à l'intention d'artistes provenant d'ailleurs, PROGRAMME RESIDENT consistera à partir de 2016 à inviter celles et ceux qui vivent et créent à Quimper et alentour, et de ce fait à bénéficier de leurs regards d'experts sur le territoire communal.
Des résidences de résidents, donc ! 



DIDIER THIBAULT 
artiste plasticien

Le premier artiste plasticien que notre association invitera dans le cadre de ce programme, est Didier Thibault, originaire de Paris et vivant à Quimper depuis une quinzaine d'années. Son projet artistique consistera à poursuivre sa recherche sur les notions contradictoires mais ambivalentes de fixité et de déplacement, qu'il faut entendre au sens large.
Didier Thibault crée régulièrement et depuis toujours avec sa compagne artiste Pascale Boullet. Il a souhaité l'inviter sur la partie création vidéo. La connaissant bien et appréciant beaucoup son travail, nous l'avons bien entendu acceptée avec plaisir.


Présentation de l'artiste par Eric Le Vergé,
responsable artistique d'Art4Context, septembre 2015 :

Didier Thibault aime jouer des paradoxes qui nous entourent. Par exemple, la caravane est une référence populaire qui lui vient spontanément à l'esprit lorsqu'il évoque cette tension entre fixité et déplacement. Il pointe avec humour cet objet ambivalent par essence qui, depuis quelque temps, perd peu à peu ses propriétés nomades pour s'établir sur des territoires en marge des villes. Devenues "mobilhomes", baraques à outils, chenils, etc., l'ambivalence s'écrirait alors et notamment dans l'écart et la tension entre cette comique perte de sens et des enjeux de société plus tragiques que l'artiste relève et révèle avec poésie.



Plus globalement, Didier Thibault est un scrutateur de son environnement immédiat et quotidien, un dénicheur de situations cocaces, un glaneur très patient et méticuleux des traces et des signes de passages furtifs. Il tient cela de son dense et long vécu à Paris où la vie s'invente aussi dans les poubelles et au contact des rejets urbains. Didier Thibault dit cependant préférer rester à la périphérie de ces marges croissantes pour, contrairement à l'observation sociologique ou anthropologique, les imaginer et les créer à partir des prélèvements de traces, de signes et d'objets laissés.

Didier Thibault appartient à cette catégorie d'artistes qui fabrique de ses mains avec intuitivité et sensibilité. Comprendre en faisant, en ressentant, n'est pas antinomyque avec une perception aiguë et fine d'un contexte donné qui peut aussi, pour l'intellectuel qui s'en emparerait, donner matière à écrire et théoriser.

Etonnamment, car ce n'est guère courant dans l'art contemporain, Didier Thibault convoque des personnages que l'on croirait sortis de rites chamaniques actuels puisant à la concrétude du milieu urbain occidental. Il en ressort de puissantes évocations hybrides et étranges et des images mentales fortes inspirées de références cinéphiliques et d'une imagination foisonnante. Dans le même temps, son attrait pour les cultures asiatiques vient régulièrement temporiser cet élan vital à travers des actions de type minimaliste.


Depuis de nombreuses années, Didier Thibault collabore avec sa compagne et artiste pluridisciplinaire Pascale Boullet. Après une formation en danse contemporaine en 1976-78, elle a travaillé au sein de la Cie des Abbesses et obtenu deux prix de chorégraphie aux concours internationaux de Nyon (Suisse) et Bagnolet. Elle a ensuite chorégraphié et enseigné la danse contemporaine à son tour, puis suivi une formation vocale et théâtrale jusqu'en 1991. A la suite de problèmes physiques dus à la pratique intensive de la danse, Pascale Boullet s'est réorientée vers le cinéma d'auteur. Elle a notamment réalisé les courts-métrages Pièce Unique (1992) avec Michael Lonsdale, et Requiem (2000) avec Hiam Abbass, qui ont été présenté dans de nombreux festivals. Elle a également été primée par la Fondation Gan pour le scénario du long métrage Ouest en 2005.
Depuis, Pascale Boullet réalise des films vidéos expérimentaux intimistes, tel son récit des années d'écriture de Ouest intitulé Les Sept fantômes de Ouest (2009), ou son hommage à Alain Bashung, A l'Enchanteur (2014).

A l'initiative de Didier Thibault, les deux artistes réalisent ensemble depuis 2013, des vidéos dans lesquelles se croisent et se mêlent leurs univers en de subtiles associations de musiques électroniques, de textes poétiques, et d'images contemplatives. Ce récent projet intitulé Tangente trouvera probablement durant cette résidence de nouveaux prolongements, de nouvelles expérimentations, de nouvelles modalités de diffusion et de transmission.








Présentation générale par l'artiste Didier Thibault :

Je suis né et j’ai vécu en banlieue parisienne à une période où il y avait encore beaucoup de terrains vagues. Ces espaces vierges – ou presque – étaient mes terrains de jeux (constructions diverses, archéologie du présent et jeux de rôle). 

J’aime toujours ces lieux en devenir, ces lieux que Foucault a définis comme des « possibles hétérotopies ». Par extension, ces espaces, à la fois réels et plus tard fécondés par l’imaginaire, ont constitué une façon de vivre l’environnement qui m’entoure.
La vie et l’art mélangés, voilà ma base de travail. Une création permanente de terrains vagues fictionnels, de réagencement de signes et d’images, des rapports entre vu et dit, des dérives entre le faire et ce que l’on peut faire. En fait, j’aime bricoler le réel.





Note d'intention de l'artiste pour PROGRAMME RESIDENT #1 :

Vit et travaille à Quimper
, cette phrase que l’on retrouve dans les c.v. sera la base de travail temporel de cette résidence.

Pour commencer, vit et travaille : entre ces deux termes naît souvent un dur combat qui se transforme en acte de résistance pour que la vie reste une opération souple et élastique, une stratégie du contournement pour faire croire à de nouveaux espaces physiques et mentaux.



A ces deux termes – vit et travaille – j’associe souvent deux autres : fixité et déplacement qui sont la base actuelle de mon travail plastique. Celui-ci a commencé il y a deux ans, suite à la rencontre déterminante avec un objet : une caravane montée sur parpaings abandonnée dans un champ. J’ai depuis développé une relation très physique avec mon environnement à travers mes déplacements personnels à pied ou en vélo, et professionnels en camion (je précise les moyens de transports car ils déterminent la captation du réel à différentes vitesses). 
Ensuite, par un travail de déplacement à l’atelier et une suite de répétitions et de questions obsessionnelles, je construis lentement des œuvres à forte dimension fictionnelle.


Je souhaite développer ce travail pendant cette résidence à travers plusieurs propositions :
- des actions de rue liées directement à la sculpture que je regroupe sous le terme « discret sculptures » ;
- des installations construites avec des matériaux issus de l’espace urbain ;
- des films réalisés avec Pascale Boullet, vidéaste, qui traiteront principalement de la transformation du paysage  et des actions filmées qui développeront un aspect plus performatifs ;
- une déambulation sonore, travail sur le son de la ville de nuit, en particulier sur les sons dus à des dysfonctionnements ;
- un terrain virtuel : création d’une page Twitter dédiée à la création textuelle ;
- des rencontres avec le public dans des lieux qui me sont chers et dans lesquels j’ai déjà travaillé.


Et, pour ces différentes propositions, un travail avec des personnes ayant des compétences que je ne possède pas.

Didier Thibault, septembre 2015.